Deux putains de romans américains

Figures cabossées de l’American way of life, ils sont deux antihéros comme les States en produisent à la pelle. Avec la littérature BBB* comme planche de salut.

De qui on parle?
1. De Max Zajack, un paumé qui vit dans un meublé tout crasseux du New Jersey et vivote de petits boulots à la mord-moi le noeud histoire de joindre les deux bouts. Il y a les boulots à la con qui ne poussent qu’à en changer d’un mandat sur l’autre et les super planques difficiles à dénicher qui fleurent bon la dénonciation d’une société qui avance à l’aveuglette.
Le problème de Max s’appelle Olivia, une bombe typée Gabrielle Solis (cf. Desperate Housewives) qui fait tourner la tête des mecs et qui a des goûts de luxe trop superficiels pour être honnête. Avec elle, Max va  grimper au 7ème ciel, mais aussi s’embrigader dans une de ces aventures dont on sait à l’avance qu’on va s’en prendre plein la tronche.
2. De Jakob Bronsky, un ramassé qui crèche dans une piaule toute délabrée de Broadway et enquille les petits jobs avec le fond de son porte-monnaie comme seul horizon. Tellement au bout du scotch qu’il va piquer les oeufs durs et les tartines de pain de mie de son voisin comme un gamin imaginant que l’adulte n’y voit que dalle.
Son fond de commerce à lui, c’est son passé. Une zone d’ombres énorme qui couvre toute la période où l’Allemagne tomba sous le régime national-socialiste et où sa famille a tant que bien que mal essayé de zigzaguer entre rafles et quolibets.

Signes particuliers
1. Il est persuadé qu’il peut faire un putain de bon livre. Suffit qu’il se mette à table.
2. Il marche à la méthode Coué, bossant juste ce qu’il faut pour pouvoir avancer d’un chapitre sur l’autre.

Pourquoi on devrait aimer?
1. Mark SaFranko est un «tenace» qui écrit comme il respire. Dans la lignée d’un Dan Fante, il couche sur le papier tout ce qui lui passe par la tête (et celle-ci est quand même pas mal squattée par ses queuteries diverses, style «je rame, donc je nique») et ce roman aurait tout aussi bien pu s’appeler Le branleur. Son écriture est celle d’un mord de faim qui vit au jour le jour, mais mourra sans lendemain.
2. Jakob Bronsky est un rescapé de la 2ème guerre mondiale qui, dans la lignée d’un Dan Fante, écrit un roman nommé Le glandeur sur son expérience du ghetto. Il y a dans ce livre un humour affolant, quelque soit les situations traversées, particulièrement dans l’improbabilité des imbroglios dénonçant les absurdités de la couardise humaine. Son écriture est celle d’un crève-la-faim qui vit au jour le jour, parce qu’il est déjà mort hier.
PS.: la superbe couverture est signée de l’illustrateur Henning Wagenbreth

* (bière, baise et baston)

Putain d’Olivia, Mark SaFranko, 13e Note éditions 319 p.
Fuck America, Edgar Hilsenrath, Ed. Attila, 292 p.