Le livre d’art tisse sa toile

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L’expo « L’art se livre » propose une compile de livres d’art au name droppping alléchant : de Sophie Bouvier Ausländer à Tristan Tzara, en passant par Breton, Sol Lewitt, Ed Ruscha ou les propositions plus contemporaines mais pas moins pertinentes de Noyau et Camille Scherrer.
Une preuve qu’à l’ère numérique le support papier est un mourant fringant qui soubresaute encore de multiples facettes.

Exposition « L’art se livre », jusqu’au 1er février 2015 au Musée des Beaux-Arts du Locle, www.mbal.ch
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Une étagère qui vous raconte des histoires

3 raisons

Ceci n’est pas un livre. C’est, du reste, inscrit sur la tranche et l’auteur en est plus que farfelu puisque ce fameux Sel F. Shelf peut se relire self shelf, étagère à monter soi-même. Sous cette référence magritienne, les designeuses hollandaises Nicole van Schouwenbourg et Irène Klinkenberg ont imaginé une étagère murale, simple planche en bois habillé d’une fausse couverture de livre. Le trompe l’oeil est fourni avec ses vis et chevilles, version Jan van Eyck (Portrait d’un homme au turban, 1433) ou Marie Guillemine Benoist (Portrait d’un dame noire, 1800).
A vous ensuite d’y empiler vos livres à vous, cette fois, mais des vrais.

Etagère « Ceci n’est pas un livre », Nicole van Schouwenburg et Irene Klinkenberg, 39 euros sur www.designdecollection.fr
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… consacrer Julien Campredon comme l’idole des jeunesses littéraires d’Oc et d’ailleurs

3 raisons

Où il est question de dauphins tueurs, d’une branleuse espagnole et de livres vengeurs, entre autres curiosités. Sérieusement barré, l’univers de Campredon enfile les nouvelles avec une verve apocalyptique et une imagination sérieusement débridée. On crie au génie bâilloné.

1. A l’instar d’un autre grand nouvelliste qu’est le Belge Thomas Gunzig (publié chez Au diable Vauvert), Julien Compredon cultive le goût des titres au racolage de série B (il est aussi l’auteur de Boris le Babylonien contre l’aligot littéraire). En eux, ils sont déjà une promesse de déconnades sévères, l’exploration d’univers et demi où l’imagination vient doper un quotidien d’une banalité sinon mortifiante, en tous les cas mortifère, la garantie, façon Tracks, d’un programme de troisième partie de soirée où l’ethnologie occitane se dispute le bout de gras à une conscientisation ego-sexuée.
Pour tout dire, il est le pendant littéraire de l’autre star du pays d’Oc du moment, le cinéaste Alain Guiraudie (période Du soleil pour les gueux).

2. A l’instar d’un autre grand nouvelliste qu’est le Belge Bernard Quiriny (publié chez Phébus), il maîtrise l’art de la première phrase chic & chips, cette vanité littéraire au moins aussi importante que la porte à tambour à l’entrée d’un supermarché : « Moi, avant tout ceci, j’avais un cadre de vie étriqué » (in La vengeance du livre uruguayen) ou « Des romans ? Non. Des nouvelles, pas plus. Non, moi, je lis dans les culottes des filles… » (in Heureux comme un samoyède). Que celui qui ne se reconnait pas dans ses incipits soit bouffé jusqu’à l’os par une horde sanguinaire de chihuahuas savoyards !

3. A l’instar d’un autre grand nouvelliste qu’est le Canadien Alain Turgeon (publié notamment à La Fosse aux Ours), il n’a pas son pareil pour bouger son lecteur de son confort petit-bourgeois à travers ses cavalcades socio-sentimentales. A coup de phrases au refrain pas indigne d’une chanson de variétés, de préoccupations sexuelles qui semblent ne pas pouvoir attendre la grand messe menstruelle canal plusienne et d’un indéfectible attachement à son coin d’origine, il offre au panthéon littéraire des sortes de nanars de génie où tous les coups (de génie) sont permis. On en pleure encore. (mp)

L’attaque des dauphins tueurs et Brûlons tous ces punks pour l’amour des elfes, Julien Campredon, éd. Monsieur Toussaint Louverture, 126 p. et 158 p., www.monsieurtoussaintlouverture.net

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