se pencher sur l’œuvre (naissante) de Fabienne Radi

3 raisons

Enseignante à la HEAD de Genève, elle écrit de courts textes intimes et artistiques. Des bouffées de littérature drôles et performatives.

1. Parce que la première phrase tirée de la nouvelle Les Plis dans la couverture(elle-même tirée du recueil Oh là mon Dieu) commence ainsi : « Entre 20 et 24 ans j’ai passé beaucoup de temps à regarder des cailloux. » Et qu’un bon incipit ment rarement sur la qualité du texte qui va en découler.

2. Parce que Fabienne Radi est une collectionneuse de l’instant, une entomologiste attentive qui tricote les micro faits de son quotidien une fois à l’endroit, une fois à l’envers. Dans ses historiettes, on y croise Sitting Bull, Burt Lancaster, Jean-Yves Jouhannais, Romain Gary ou un guide de montagne vaudois ressemblant à Paul Newman et circulant dans un break Volvo (ce qui le fait moins quand même). Mais elle se dévoile surtout dans son mécanisme de travail / pensée où une idée en fait surgir une autre, rebondissant d’une phrase sur l’autre et créant de l’inattendu à chaque coin de page. C’est ainsi qu’elle arrive à sauter de la performeuse hypnotique Marina Abramovic au menu Bison de l’Auberge communale de Collex-Bossy. Avec drôlerie et suffisamment de brio pour qu’on en redemande.

3. Parce qu’elle a cette capacité à partir de rien, ou si peu, et de tisser une histoire dont il est absolument impossible d’en dire ce qu’en sera la fin. Si elle consiste en une brillante introduction à l’art contemporain dans une acception large auprès de n’importe quel béotien dubitatif, elle est aussi une formidable machine à créer de la littérature gaie, ludique, voire jouissive.
Dans le même registre, elle avait déjà brillé dans le livre Cent titres sans Sans titre (Ed. Boabooks), déjà adoré par moi-même. (mp)

Oh là mon Dieu, Fabienne Radi, Ed. art&fiction, 69 p. (www.artfiction.ch et www.fabienneradi.ch)
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