Dernière montée au Ventoux

critiques

En racontant l’histoire d’une bande de potes sur les flancs du Mt-Chauve, Wagendorp fait se rencontrer vélo et poésie. Une belle étape littéraire.

Surgissant de nulle part au milieu des champs de lavande, le mont Ventoux, mont chauve pour les initiés, a tout d’un géant. Imprévisible, ardu, boisé ou pelé, pas un cycliste qui ne frémisse à l’idée de gravir ses flancs.
Dans son roman, Wagendorp met en scène ces désirs, multiples et protéiformes, d’un groupe de garçons dans le vent – et d’une fille – pris d’amour pour cette grimpette mythique.
Un été au camping
Partant d’une photo prise il y a une trentaine d’années au camping de Bédoin, Bart, désormais cinquantenaire, se met en tête de réunir les amis de l’été 82, celui qui les avait menés au sommet avant de les séparer de façon tragique. Tous épris de la même femme, Laura, ils avaient décidé de mettre les vélos dans le bus de David pour tenter l’aventure. Même le poète, Peter, s’était laissé prendre au défi, persuadé qu’il pondrait une fois arrivé au sommet une sorte de poème ultime et musical.
Or, comme chacun sait, l’ascension, pour difficile qu’elle soit, ne présente que peu de danger en regard de la descente, périlleuse tant pour le matériel que pour les mollets fatigués par la montée où on a tout donné.
On the road (à vélo)
En bon narrateur, Wagendorf travaille la tension dramatique et distille au compte goutte les révélations sur ce qui s’est réellement passé ce jour-là en Provence. Parsemant son récit de bons mots et d’anecdotes sur les travers des cyclistes, c’est avec délectation qu’on se laisse emmener sur le chemin de pèlerinage qui unira à nouveau la bande de grandes gueules de l’époque, le temps d’une dernière montée. (sbr)

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Ventoux, Bert Wagendorp, éditions Galaade, traduit du néerlandais, 309 p.